Si vous êtes passionné de trail ou adepte des longues distances, vous avez sans doute entendu parler de l’hypoglycémie, voire même en avoir déjà fait l’amère expérience. Ce moment où, sans crier gare, tout semble s’effondrer : jambes molles, tête qui tourne, moral en berne… Impossible de continuer dans ces conditions, et le simple fait de mettre un pied devant l’autre devient une épreuve.
Mais que se passe-t-il vraiment dans notre corps à ce moment-là ? L’hypoglycémie, cette chute brutale du taux de sucre dans le sang, peut frapper n’importe quel traileur, qu’il soit débutant ou expérimenté. Pourtant, avec une bonne préparation et quelques stratégies simples, il est tout à fait possible de l’éviter.
Dans cet article, je vais vous partager mes connaissances et mon expérience de plus de dix ans dans le monde du trail pour vous aider à comprendre ce phénomène. Nous verrons ensemble comment distinguer une hypoglycémie d’une glucopénie, les deux ennemis jurés des coureurs, et surtout, comment les prévenir efficacement grâce à une alimentation adaptée et des habitudes bien pensées.
Préparer son corps et son esprit pour les défis du trail, c’est avant tout miser sur l’anticipation. Alors, que vous soyez en quête de performances ou simplement du plaisir de courir en pleine nature, découvrons ensemble les clés pour ne plus jamais laisser une hypoglycémie ruiner votre course.
A retenir
Prévenir l’hypoglycémie en trail repose sur une préparation nutritionnelle soignée avant la course, incluant un apport suffisant en glucides et en graisses, ainsi qu’une alimentation adaptée pendant l’effort pour maintenir des niveaux stables de glycémie. Reconnaître les premiers signes, tels que fatigue soudaine, tremblements ou « panne sèche », permet d’agir rapidement en ralentissant et en consommant des sucres rapides. Une reprise progressive et un ravitaillement régulier sont essentiels après une crise pour éviter une rechute. En complément, des entraînements spécifiques, comme les sorties à jeun ou à faible apport calorique, aident à améliorer l’efficacité métabolique et l’utilisation des graisses comme source d’énergie.
Comprendre l’hypoglycémie et ses spécificités en trail
Qu’est-ce que l’hypoglycémie ?
L’hypoglycémie, c’est cette chute du taux de sucre dans le sang qui peut rapidement devenir le cauchemar de tout traileur. Pour bien comprendre, il faut savoir que la glycémie normale oscille entre 0,80 et 1,26 g/l à jeun et entre 1 et 1,4 g/l après un repas. Le seuil critique, en dessous duquel l’organisme commence à tirer la sonnette d’alarme, est fixé à 0,60 g/l.
Pourquoi ce glucose est-il si crucial ? Tout simplement parce qu’il alimente nos organes vitaux. Le cerveau, par exemple, est totalement dépendant du glucose pour fonctionner. Il en va de même pour nos muscles, qui, en plein effort, deviennent de véritables gloutons énergétiques. En trail, où l’effort est long et parfois intense, ce besoin est encore plus marqué. Quand le glucose vient à manquer, c’est tout le corps qui s’en ressent : vertiges, faiblesse musculaire, troubles de la concentration… Et c’est là que les problèmes commencent.
Les causes de l’hypoglycémie en trail
En trail, plusieurs facteurs peuvent provoquer une hypoglycémie. La première cause est un déséquilibre entre l’effort fourni et l’alimentation. Imaginez courir sur un moteur à sec : si vous n’apportez pas suffisamment de glucides à votre organisme, il finit par puiser dans ses réserves jusqu’à épuisement.
Le stress, qu’il soit physique ou mental, joue également un rôle clé. Lorsqu’on se stresse – et cela arrive souvent avant une compétition ou dans les passages techniques –, le corps libère des hormones comme l’adrénaline. Ces hormones augmentent la consommation de glucose, ce qui peut accélérer la chute du taux de sucre dans le sang.
Enfin, une mauvaise préparation nutritionnelle avant ou pendant la course peut être fatale. Ne pas suffisamment charger ses réserves en glycogène les jours précédents, ou mal s’alimenter pendant l’effort, c’est comme partir à l’aventure sans cartes ni boussole : vous risquez vite de vous perdre.
Hypoglycémie vs glucopénie : quelles différences ?
Dans le langage courant, on utilise souvent le mot hypoglycémie pour désigner tout coup de fatigue dû à un manque de carburant. Pourtant, il existe une distinction importante à faire entre hypoglycémie et glucopénie.
- L’hypoglycémie correspond à une baisse du sucre dans le sang. Elle se manifeste rapidement et affecte des organes vitaux comme le cerveau. Les signes sont immédiats : tremblements, sueurs froides, étourdissements. Heureusement, elle peut être corrigée assez facilement avec des sucres rapides (pâtes de fruits, jus de fruits, etc.).
- La glucopénie, en revanche, touche les réserves de glycogène stockées dans vos muscles et vos organes. Ici, ce sont les cellules qui n’ont plus d’énergie pour fonctionner. Vous le sentez directement dans vos jambes : elles deviennent lourdes, sans énergie, et vos performances s’effondrent. Contrairement à l’hypoglycémie, se remettre d’une glucopénie est beaucoup plus long, car les cellules doivent recréer leurs réserves énergétiques.
En ultra-trail, c’est la glucopénie qui est la plus fréquente. Pourquoi ? Parce qu’elle dépend principalement de votre préparation en amont, alors que l’hypoglycémie est davantage liée à votre gestion de la nutrition pendant l’effort. Les erreurs de stratégie alimentaire avant une course longue distance, comme une mauvaise recharge en glycogène, peuvent entraîner une glucopénie dès les premières heures d’effort prolongé.
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Reconnaître les signes d’une hypoglycémie ou d’une glucopénie
Savoir repérer les signes avant-coureurs d’une hypoglycémie ou d’une glucopénie est crucial pour agir à temps. Ces deux états se manifestent différemment, mais tous deux peuvent compromettre sérieusement votre course – et votre santé.
Les symptômes classiques d’une hypoglycémie
L’hypoglycémie arrive souvent comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Les premiers symptômes sont physiques : tremblements, étourdissements, une fatigue soudaine, voire une faim intense qui ne vous laisse aucun répit.
Mais le corps n’est pas le seul à souffrir. Le cerveau, très dépendant du glucose, envoie aussi des signaux d’alerte. Vous pouvez ressentir une baisse de concentration, une irritabilité inhabituelle, ou même une nervosité difficile à maîtriser. Sans oublier les sueurs froides, ces gouttes qui perlent sur votre front, même si la météo n’a rien à voir.
Ces symptômes doivent vous alerter immédiatement. Ne les ignorez pas : ce sont des messages clairs que votre organisme manque de carburant.
Les signaux d’une glucopénie
La glucopénie, de son côté, se distingue par des manifestations principalement musculaires. C’est ce qu’on appelle souvent la « panne sèche » : malgré toute votre bonne volonté, vos jambes refusent d’avancer. Vous ressentez une incapacité musculaire à poursuivre l’effort, comme si vos muscles avaient démissionné.
Ce qui rend la glucopénie encore plus redoutable, c’est sa fatigue persistante. Même après un ravitaillement, les forces ne reviennent pas immédiatement. Contrairement à l’hypoglycémie, où un apport de sucres rapides peut faire des miracles, la glucopénie demande du temps – parfois des heures – pour que vos cellules reconstituent leurs réserves énergétiques.
En clair, si vous avez l’impression que chaque pas est un combat et que rien ne semble y remédier, vous êtes probablement en état de glucopénie.
Quand consulter un professionnel ?
Si ces épisodes d’hypoglycémie ou de glucopénie deviennent fréquents ou s’accompagnent de malaises prolongés, il est temps de consulter un professionnel de santé. Un médecin ou un nutritionniste spécialisé pourra identifier les causes sous-jacentes : mauvaise gestion alimentaire, déséquilibres hormonaux, ou encore des pathologies comme le diabète.
N’attendez pas que ces problèmes deviennent récurrents ou mettent votre santé en danger. Un diagnostic précis et des conseils adaptés peuvent transformer vos prochaines courses en expériences beaucoup plus sereines.
Prévenir l’hypoglycémie en trail : les solutions efficaces
L’hypoglycémie n’est pas une fatalité en trail. Avec une préparation réfléchie et des stratégies bien rodées, vous pouvez largement réduire le risque de voir votre énergie vous lâcher en pleine course. Voici mes conseils pour vous aider à rester au top, du départ à l’arrivée.
Préparation nutritionnelle avant la course
Optimiser les réserves de glycogène : la base pour durer
La clé d’une bonne endurance, c’est de partir avec des réserves de glycogène pleines. Pour cela, adoptez un régime hyperglucidique dans les jours précédant la course. Personnellement, je trouve que la méthode du dissocié scandinave peut être efficace. L’idée ? Réduire temporairement les glucides avant d’en faire le plein deux ou trois jours avant l’épreuve, afin de maximiser vos stocks musculaires.
Le jour J, un petit-déjeuner équilibré est essentiel pour stabiliser votre glycémie. Pas question de courir le ventre vide ! Si vous êtes sujet à un réveil difficile, une collation pré-compétition (comme un gâteau énergétique la veille au soir et un thé avec des biscuits au réveil) peut aussi faire l’affaire.
Miser sur les lipides pour une réserve alternative
Saviez-vous que vos graisses intramusculaires peuvent compléter vos réserves de glycogène ? Pour en profiter, pensez à intégrer un repas riche en graisses la veille de la compétition, par exemple à base d’avocats, d’oléagineux ou d’huiles végétales. Cela aide à créer une réserve d’énergie complémentaire que votre corps pourra mobiliser pendant les efforts prolongés.
Stratégies nutritionnelles pendant l’effort
Ravitaillements réguliers pour éviter la panne
Sur un trail, l’alimentation devient votre meilleur allié. Dès les premiers kilomètres, prévoyez de vous ravitailler toutes les 30 à 45 minutes. Les sucres rapides comme les pâtes de fruits ou les gels énergétiques sont parfaits pour un boost instantané. Cependant, pour éviter les pics de glycémie suivis de coups de mou, pensez à les alterner avec des sucres lents, comme des morceaux de pain ou des biscuits secs.
Diversifier les sources pour plus d’efficacité
Vous n’êtes pas obligé de vous limiter au sucré. Les aliments salés ou protéinés, comme les noix de cajou, le fromage ou même des biscuits aux graines, apportent une énergie durable tout en réduisant votre dépendance aux glucides. Ces alternatives permettent aussi de mieux supporter les longues distances sans saturer des saveurs trop sucrées.
Améliorer les capacités métaboliques à l’entraînement
Stimuler l’oxydation des graisses avec l’entraînement à jeun
Un bon moyen d’habituer votre corps à fonctionner sur ses réserves lipidiques est de pratiquer des sorties matinales à jeun. Cette approche renforce vos capacités à utiliser les graisses comme carburant principal, ce qui épargne vos précieux stocks de glycogène en course.
Réduire les ravitaillements sur les sorties longues
Pendant vos sorties longues, essayez de limiter vos apports en glucides. Cela contraint votre organisme à s’adapter et à optimiser l’utilisation des graisses et protéines. Attention cependant : ces entraînements doivent être intégrés progressivement pour éviter les contre-performances.
Tester vos stratégies nutritionnelles avant la course
Enfin, ne laissez rien au hasard. Chaque trail est une opportunité de tester vos plans de ravitaillement et d’ajuster les quantités, les types d’aliments ou le timing qui vous conviennent. En course, vous ne voulez pas de surprises, seulement des résultats.
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Que faire en cas de crise hypoglycémique ou glucopénique en trail ?
Malgré une préparation rigoureuse, une crise peut survenir. Pas de panique, cela ne signifie pas nécessairement la fin de votre course. En adoptant les bons réflexes, vous pouvez limiter les dégâts et reprendre votre progression en toute sécurité.
Réagir face aux premiers symptômes
La priorité lorsque vous ressentez les signes d’une hypoglycémie (tremblements, fatigue soudaine, faim intense) ou d’une glucopénie (sensation de « panne sèche », incapacité musculaire) est de stopper la perte d’énergie.
Ralentir pour limiter les dépenses
Si vous sentez les symptômes arriver, le premier réflexe est de ralentir ou passer à la marche. Cela permet de réduire la demande énergétique de votre organisme et d’éviter d’aggraver la situation. Même quelques minutes à un rythme plus calme peuvent suffire à reprendre le contrôle.
Se resucrer immédiatement
Consommez un aliment ou une boisson sucrée à action rapide, comme une pâte de fruits, un gel énergétique, ou une boisson glucidique. Si vous n’avez rien sous la main, une gorgée d’une boisson sucrée trouvée au ravitaillement peut vous sauver la mise. L’objectif est de rétablir rapidement un taux de glucose suffisant dans le sang pour alimenter vos organes vitaux et vos muscles.
Petit conseil personnel : prévoyez toujours un « kit d’urgence énergétique » accessible facilement (dans une poche ou une ceinture). Cela peut être un gel que vous n’utilisez qu’en dernier recours.
Adapter son rythme après une crise
Sortir d’une crise hypoglycémique ou glucopénique ne signifie pas que tout est réglé. La gestion post-crise est tout aussi importante pour éviter une rechute ou aggraver votre état.
Repartir progressivement
Une fois les symptômes atténués, reprenez votre effort progressivement. N’essayez pas de retrouver immédiatement votre allure de course, même si vous vous sentez mieux. Laissez à votre corps le temps de rétablir ses réserves énergétiques. Marcher ou alterner course et marche sur quelques minutes peut suffire à stabiliser la situation.
Maintenir une alimentation régulière
Après une crise, il est essentiel de continuer à vous alimenter régulièrement pour éviter une nouvelle baisse d’énergie. Intégrez des aliments à action plus lente, comme des biscuits, du pain ou des noix, pour maintenir un apport énergétique constant et durable.
Mon astuce : notez dans votre carnet d’entraînement ce qui a déclenché la crise. Était-ce un manque de ravitaillement ? Un départ trop rapide ? Ces informations vous aideront à mieux anticiper lors de vos prochaines courses.